La rentrée politique en France s’est accompagnée d’une nouvelle controverse à signature religieuse. L’objet de la controverse a porté sur des accoutrements, à savoir le port du qamis et de l’abaya dans l’enceinte scolaire. Un courrier datant du 31 aout 2023, signé par le ministre de l'Éducation nationale Gabriel Attal et mis à disposition des chefs d’établissement, met en avant le « principe de laïcité » comme fondement de l’interdiction du port de l’abaya ou du qamis.
Nawal El Saadawi, née en 1931 en Egypte et décédée en cette année 2021, était une féministe mondialement connue pour ses prises de position publiques et sa cinquantaine d’ouvrages traduits en plusieurs langues, où elle dénonçait le patriarcat tout en traitant de sujets tabous – liés notamment au corps des femmes. Digne héritière de Huda Sharaawi, fondatrice en 1923 de l’Union féministe égyptienne qui durant la même année posa un acte audacieux en se dévoilant publiquement, Nawal El Saadawi était une figure phare du féminisme égyptien qui, à travers ses interventions télévisées et ses manuscrits, a fait trembler les systèmes patriarcaux, religieux et dictatoriaux du monde arabe. Consciente de l’impact subversif de son engagement, elle répétait souvent la joie éprouvée lorsque de très nombreuses jeunes filles et femmes arabes lui confiaient que ses livres avaient littéralement changé leurs vies.
Dans son article 18, la Déclaration universelle des Droits de l’Homme des Nations Unies affirme l’importance de la liberté de religion, soutenant que « toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction ». Après avoir vécu trente ans sous le règne de la loi islamique ou sharia, le Soudan connaît un espoir de changement. En effet, une déclaration conjointe signée entre le gouvernement et un groupe rebelle du sud des monts Nouba portant sur la séparation de la religion et de l’État a été signée le 28 mars 2021, à la suite d’un accord conclu en août 2019. Le texte affirme qu’ « aucune religion ne sera imposée à quiconque et l’État n’adoptera pas de religion officielle ». Il constitue une première étape devant conduire à un accord de paix final qui devrait garantir la liberté de culte pour tous.
Que ce soit dans la littérature académique anglophone ou francophone, les réflexions sur l’articulation entre islamisme — ou formes diversifiées d’engagement politique au nom d’un islam intégral — et capitalisme restent relativement rares. Un préalable s’impose : a priori, cet angle ne mobilise guère les spécialistes du militantisme musulman. Cela peut s’expliquer par le fait qu’un certain nombre d’entre eux soient davantage préoccupés par le « djihadisme » et « la radicalisation », soit les périphéries incandescentes et guerrières de l’islam.
Il y a quelques semaines a débuté le tournage de la deuxième saison de la série télévisée Validé. La première saison de cette série, consacrée au rap et diffusée sur la chaine Canal+, a connu un succès considérable puisqu’elle a été visionnée plus de vingt millions de fois sur la plateforme MyCanal. Apash, le personnage principal de la saison une, était joué par le rappeur Hatik. Ce dernier, qui a vu sa carrière musicale propulsée grâce à son rôle dans la fiction réalisée par Franck Gastambide, a mis en avant son appartenance à l’islam dans ses interviews ainsi que dans ses musiques, particulièrement dans le titre « Cercle vicieux ». L’engagement religieux d’un artiste très populaire pose la question des spécificités et du pouvoir d’influence du rap d’inspiration musulmane et de sa large visibilité.
L’islam reste en France — et plus que jamais — un objet religieux et social difficilement « lisible ». Quant aux Français musulmans, ils sont travaillés par des forces contradictoires, à la fois centrifuges et centripètes, et globalement dominés par un tropisme conservateur — sans exagérer outre mesure la menace que ferait peser la visibilité religieuse de l’idéologie islamiste sur les autres courants religieux de l'islam, dans l’espace public ou les institutions sociales. Le fait islamique pose néanmoins un défi singulier à la laïcité française, affectant sa tension constitutive entre « acception libérale » et « acception combative ». C’est la raison pour laquelle il importe de traiter la question de l’islam de France sous le double point de vue de la philosophie morale et de la sociologie politique, en vue de comprendre les dessous de la polarisation des positions qu’il provoque. Aussi, le but de la présente étude est de tenter, à partir de la problématique générale de la laïcité, de jeter un nouvel éclairage sur la situation de l’islam de France, en identifiant et en distinguant pour ce faire ses principaux déterminants et les difficultés de son traitement par le politique.
Le philosophe Abdennour Bidar, chercheur associé à l’École pratique des hautes Études (EPHE, Paris), a présenté la leçon inaugurale lors de la séance académique de rentrée 2020–2021 du Centre interdisciplinaire d’Étude des Religions et de la Laïcité à l'Université libre de Bruxelles. Auteur notamment de "La construction de la pensée religieuse en islam" (Gallimard, 2020), Abdennour Bidar a consacré sa leçon à ce réformateur de l’islam qu'est Mohammed Iqbal, figure majeure du monde musulman dans le sous-continent indien. Initialement prévue pour un public nombreux, cette leçon a en raison des circonstances sanitaires été présentée devant une assistance volontairement réduite, mais diffusée en direct par vidéoconférence — c'est l'enregistrement de ce direct qui vous est proposé ici, ce qui explique sa qualité technique relativement réduite.
La pandémie de coronavirus a été l’événement majeur de ce premier semestre 2020, sur la totalité de la planète. Elle a, on l’imagine, fortement affecté aussi l’exercice du religieux. L’Observatoire des Religions et de la Laïcité de l’Université libre de Bruxelles s’attache, dans le présent rapport, à faire l’inventaire des enjeux qui en découlent : qu’il s’agisse des réactions religieuses face à la crise du coronavirus, de l’usage de l’argument religieux par certains politiques dans leur gestion de cette crise, de la manière dont les relations entre l’État et les cultes ont été affectées par la crise, ou de la façon dont les religions se sont accommodées de la situation et ont été puiser dans leurs ressources internes pour s’y adapter, notamment en matière de perpétuation de la pratique religieuse. C’est l’ensemble de ces questions qui est balayé ici en un panorama d’un peu plus de cinquante pages.
La pandémie de coronavirus a été l’événement majeur de ce premier semestre 2020, sur la totalité de la planète. Elle a, on l’imagine, fortement affecté aussi l’exercice du religieux. L’Observatoire des Religions et de la Laïcité de l’Université libre de Bruxelles s’attache, dans le présent rapport, à faire l’inventaire des enjeux qui en découlent : qu’il s’agisse des réactions religieuses face à la crise du coronavirus, de l’usage de l’argument religieux par certains politiques dans leur gestion de cette crise, de la manière dont les relations entre l’État et les cultes ont été affectées par la crise, ou de la façon dont les religions se sont accommodées de la situation et ont été puiser dans leurs ressources internes pour s’y adapter, notamment en matière de perpétuation de la pratique religieuse. C’est l’ensemble de ces questions qui est balayé ici en un panorama d’un peu plus de cinquante pages.
En Inde, un régime ethnique visant à asseoir la suprématie des hindous s’est progressivement implanté et les mesures discriminatoires contre les musulmans se multiplient : révocation unilatérale de l’article 370 de la Constitution qui garantissait l’autonomie du Cachemire, peuplé d’une majorité de musulmans, et rétrogradation de cet État fédéré en territoire de l’Union ; décision de construction d’un temple hindou à Ayodhya, à la place d’une mosquée ; adoption d’une loi sur la nationalité qui attribue la nationalité indienne, sur la base d’une persécution religieuse dans le pays d’origine, à tous les croyants entrés en Inde avant 2015, et ce à l’exception des musulmans… C’est l’occasion de s’interroger sur l’avenir du sécularisme qui, depuis l’indépendance en 1947, constituait un signe distinctif de l’identité indienne, et sur le nationalisme actuellement promu par le Parti du Peuple indien (BJP), dans ce pays multi-religieux de près d’un milliard trois cents mille habitants.