La presse a récemment mis en évidence le rapport annuel 2013 sur l’islamophobie de la plate-forme Muslim’s Rights Belgium, deuxième évaluation de cette instance à présenter un recensement des faits considérés comme islamophobes qui se sont produits en Belgique durant l’année écoulée. Fondé sur les témoignages de citoyens qui s’estiment discriminés en raison de leurs convictions religieuses ou de leur appartenance, réelle ou supposée, à l’islam, ce rapport vise à alerter les décideurs, les media ainsi que les intervenants éducatifs et sociaux quant aux discriminations et violences liées à l’islamophobie.
La religion est loin de disparaître du monde des entreprises. C’est bien ce que viennent confirmer les actualités les plus récentes. Elle y fait même un retour inattendu dont on peut repérer plusieurs formes. La pluralité religieuse favorisée par nos sociétés modernes se répercute sur le monde du travail et oblige déjà les entrepreneurs à s’interroger sur sa gestion. En Europe, la question essentielle est en réalité celle de l’encadrement des revendications musulmanes, dont certains chefs d’entreprises redoutent une visibilité (port du voile) et des exigences (jours de congés adaptés au calendrier religieux, voire mise à disposition d’une salle de prière) jugées trop affirmées.
Alors que la polygamie est interdite aux Etats-Unis, en juillet 2011, la famille Brown, une famille mormone fondamentaliste polygame – composée de Kody, ses quatre épouses et leurs nombreux enfants –, a déposé plainte contre l’Etat d’Utah, l’accusant de violer ses droits à la vie privée. Rendue célèbre par la série de télé-réalité « Sister Wives », la famille Brown appuyait sa plainte non sur le Premier amendement de la Constitution américaine, qui garantit la liberté religieuse, mais sur une décision de la Cour suprême (2003) contestant une loi du Texas interdisant… la sodomie. En décembre 2013, le juge fédéral Clark Waddoups a rendu un jugement en faveur de la famille Brown. En aucun cas le juge n’y affirme que la polygamie soit légale. Ce que le jugement remet en question, ce sont les lois spécifiques de l’Utah contre la cohabitation d’un homme et de plusieurs femmes, que le juge estime en violation avec le Premier amendement, mais aussi le Quatorzième amendement, qui affirme la nécessité de garantir l'égale protection de tous ceux qui se trouvent sur le territoire des Etats-Unis.
La mésaventure qu'a connue le secrétaire perpétuel de l’Académie royale de Belgique Hervé Hasquin, qui a vu l'un de ses textes, relatif aux rapports entre islam et franc-maçonnerie, tronqué et dévoyé de manière éhontée par une revue pourtant réputée — en l'occurrence Arabies, le mensuel du monde arabe et de la francophonie — offre l'occasion de revenir sur la thématique traitée, et qui manifestement continue de susciter un certain malaise chez d'aucuns. En consacrant un petit ouvrage à la question de l’attitude des pays d’islam à l’égard de la franc-maçonnerie, et ce dans la belle collection de poche qu’il a suscitée à l'Académie, son secrétaire perpétuel Hervé Hasquin innovait en effet doublement. D’une part il propose une synthèse originale relative aux rapports difficiles entre islam et franc-maçonnerie. Dans le même temps, il montre que contrairement aux idées reçues, c’est bien plus le défaut de démocratie que la haine religieuse qui a dans les pays de culture musulmane creusé le lit de l’acharnement à l’égard de la maçonnerie et des principes qu’elle symbolise et véhicule.
ORELA s’était fait l’écho des prémisses du débat européen sur la circoncision, et ce dès la publication de l’arrêt du tribunal de Grande Instance de Cologne, en juin 2012, qui statuait que « le corps d’une enfant était modifié durablement et de manière irréparable par la circoncision », une modification « contraire à l’intérêt de l’enfant, qui doit décider plus tard par lui-même de son appartenance religieuse ». Cet arrêt, on s’en souvient, avait créé une situation jurisprudentielle inédite en Allemagne, interdisant alors de facto toute intervention de ce type en offrant pour la première fois une base légale à toute appréciation en la matière.
Beaucoup de choses ont été dites et écrites sur l’Affaire Dieudonné — cet humoriste français devenu propagandiste antisémite, bénéficiant d’un surprenant succès populaire et mettant à l’épreuve les frontières de la liberté d’expression. Point n’est besoin, sans doute, d’en rajouter. Quoique. Nombre d’analystes ont en effet vu dans les diatribes antijuives du polémiste français l’expression d’une nouvelle judéophobie — postcoloniale, en quelque sorte — inspirée par les développements historiques de l’après 1967 et en particulier de l’après 11 septembre… Mais il y a plus : le positionnement anti-système — sincère ou démagogique, peu importe ici — de Dieudonné M’Bala M’Bala n’a de toute évidence rien de moderne, ou si peu, même s’il a contribué en France et ailleurs à transformer l’antisionisme et ses ambiguïtés. Il puise au contraire dans un fonds conspirationiste d’origine catholique, vieux de deux siècles, dont les avatars contemporains ne sont en réalité que de simples réappropriations.
Depuis les attentats du 11 septembre 2001, les pouvoirs publics occidentaux s’alarment de l’influence du salafisme sur les pratiques religieuses des musulmans européens et nord-américains. Des librairies islamiques abritant un nombre important d’ouvrages de théologiens salafistes aux présentateurs charismatiques des chaînes satellitaires islamiques comme Iqraa, en passant par les tenues vestimentaires ultra-orthodoxes importées directement de la péninsule arabique (jilbâb, niqâb, qamîs), force est de constater que le salafisme tend à s’imposer comme la norme à partir de laquelle le musulman d’Occident doit juger sa pratique religieuse. Prônant une approche littéraliste du Coran et de la tradition prophétique, le salafisme est marqué par une volonté de purger la pratique religieuse de ses particularités locales et des « innovations » qui auraient altéré l’islam originel au fil des siècles. Au-delà de cette matrice doctrinale, le salafisme s'apparente plus à une mouvance plurielle et contradictoire, couvrant un large spectre de positionnements idéologiques. C’est un ensemble composite, voire hétérogène d’initiations multiples, pas toujours coordonnées, d’individus seuls ou formant de petits groupes autonomes.