Les pratiques pèlerines traditionnelles sont-elles compatibles avec la pandémie que nous vivons depuis plus d’un an ? Comment s’adapteront-elles aux exigences sanitaires qui seront vraisemblablement en vigueur dans le monde post-Covid ? Ces questions se posent à tous les sanctuaires habitués aux foules, de Compostelle à Lourdes — pour ne rester que dans le domaine catholique. Ce mois-ci, l’Octave de Luxembourg a confirmé leur force déstabilisatrice, y compris pour des pratiques plus modestes, limitées dans le temps et à l’envergure avant tout régionale.
La redéfinition récente (2013-2015) des rapports entre l’État luxembourgeois et les confessions dites reconnues représente actuellement le fait majeur animant la sphère confessionnelle au Grand-Duché. Ces réaménagements réduisent notamment substantiellement l’engagement financier futur de l’Etat à l’égard de ces cultes. Ils consacrent également la reconnaissance publique de l’islam, ses représentants ayant été invités pour la première fois à la table de négociations. À côté de ces grandes manœuvres qui monopolisent l’attention médiatique, un développement récent et pourtant majeur semble échapper largement au regard tant des autorités que de l’opinion publique, à savoir le succès foudroyant rencontré par les « megachurches », issues du mouvement protestant-évangélique, à tendance pentecôtiste.
Le Premier ministre luxembourgeois, Xavier Bettel, a présenté à la Chambre des Députés la réforme du financement public des cultes, qui prévoit notamment la fin du paiement des traitements des ministres des cultes par l’État et une réduction de plus de 70 % du budget global alloué aux cultes. Majorité contre opposition, le texte gouvernemental a été entériné par l’assemblée luxembourgeoise ce 21 janvier 2015.
Le 4 décembre 2013, un nouveau gouvernement a prêté serment devant le chef de l’État luxembourgeois : le libéral Xavier Bettel, actuel bourgmestre de Luxembourg, succède au social-chrétien Jean-Claude Juncker, en fonction depuis 1995, au poste de Premier ministre. Xavier Bettel est à la tête d’une coalition tripartite, issue des élections du 20 octobre 2013 : on y retrouve le parti libéral (DP, Demokratesch Partei), le parti socialiste (Lëtzebuerger Sozialistesch Aarbechterpartei, LSAP) et les Verts (Déi Gréng). Le parti chrétien-social (Chrëschtlech Sozial Vollekspartei, CSV) est exclu de la participation gouvernementale, pour la première fois depuis 35 ans. On peut parler d’une véritable révolution dans ce pays où l’influence de l’Église catholique demeure importante et où le parti chrétien-social était considéré par beaucoup comme l’un de ses meilleurs relais.