A l'appel de partis d'opposition et de nombreuses ONG, des milliers de Tunisiennes et de Tunisiens ont participé samedi 28 janvier à une marche au centre de Tunis pour "défendre les libertés et les droits de l'Homme", "faire front commun contre le fanatisme" et "dénoncer la violence" imputée à des groupes islamistes radicaux, rapportait ce mardi 31 janvier le Nouvel Observateur.
Cette manifestation fait suite à de nombreux incidents, parfois violents, visant ces dernières semaines des femmes, des universitaires, des journalistes, des avocats et autres intellectuels, et notamment les pressions très fortes exercées pour tenter d'imposer l'accès aux universités d'étudiantes portant le niqab (voile islamique intégral). Elle s’inscrit aussi dans le contexte du procès intenté pour diffamation de la religion à la chaîne tunisienne Nessma, poursuivie pour avoir diffusé le film d’animation franco-iranien Persepolis, lequel contient une scène violant aux yeux des radicaux musulmans la proscription de la représentation de la divinité.
Dans ce contexte, le principal parti issu des urnes, Ennahda, qui domine actuellement l’exécutif tunisien et l’assemblée nationale constituante, mais est aux prises avec des tendances contradictoires en son sein — entre radicaux religieux et modérés —, a souhaité porter la voix de l’apaisement et a diffusé un communiqué proclamant son attachement à la liberté d’expression. Il est intéressant de relever que ce communiqué porte témoignage du nœud des crispations tunisiennes du moment : en effet, mettant sur le même plan liberté d’expression, attachement au sacré et liberté de culte, il questionne la hiérarchie des libertés publiques qui est supposée, en démocratie, faire primer la liberté d’expression ou le principe d’égalité sur des droits entendus comme des droits dérivés, parmi lesquels la liberté de religion — la Cour européenne des droits de l’homme l’a ainsi rappelé à plusieurs reprises, en posant très clairement que l’égalité entre l’homme et la femme était un principe supérieur à la liberté religieuse.
Les membres du Chemin néocatéchuménal sont ravis. Ils viennent de réussir la dernière étape de la reconnaissance de leur mouvement par le Vatican. Le Chemin néocatéchuménal est un « itinéraire d’initiation chrétienne » né dans les années 1960, dans la banlieue défavorisée de Madrid. Son initiateur, Kiko Argüello, a rapidement été rejoint par une autre laïc, Carmen Hernandez, ainsi que par un prêtre italien, Mario Pezzi. Le « Chemin » est aujourd’hui présent sur tous les continents, dans plus de 900 diocèses et rassemble environ 40.000 communautés. Il compte en outre plus de 70 séminaires. Il est évident que, pour le Vatican, il s’agit de s’attacher la force missionnaire d’un mouvement qui garantit, par exemple un grand nombre des présences lors des journées mondiales de la jeunesse (200 000 membres aux JMJ de Madrid en 2011). Mais quelles ont été les étapes de la reconnaissance de ce mouvement par le Vatican ?
En Belgique, la quasi-totalité des élèves suivent soit un cours de religion soit un cours de morale non confessionnelle durant toute la durée de la scolarité obligatoire (de 6 à 18 ans). Les établissements scolaires se répartissent en deux réseaux : le réseau officiel qui rassemble les écoles organisées par les pouvoirs publics, et le réseau libre, majoritairement catholique, qui comprend les écoles organisées par des organismes privés. Ces dernières sont également financées par les pouvoirs publics. Dans le réseau officiel, l’élève a le choix entre l’enseignement d’une religion reconnue ou celui de la morale non confessionnelle. Les religions reconnues sont actuellement le catholicisme, le protestantisme, l’anglicanisme, le judaïsme, l’islam et la religion orthodoxe. Dans le réseau libre, la plupart des établissements imposent l’enseignement d’une seule religion, dans la plupart des cas la religion catholique. Telle est la situation depuis l’adoption de la loi du Pacte scolaire en 1959.
Le régime belge des cultes comprend, depuis ses origines (1830-31), un financement public des cultes dits reconnus. Celui-ci a été étendu aux organisations philosophiques non confession-nelles reconnues en 1993. La réforme du système est à l’ordre du jour depuis une quinzaine d’années.
Depuis la fin des années 1990, plusieurs études ont mis en lumière les problèmes essentiels du financement public des organisations convictionnelles : l’automaticité du financement, le manque de transparence et de contrôle, les inégalités entre les différentes convictions et, en particulier, l’importance disproportionnée du montant attribué à l’Église catholique. Le débat s’est cristallisé autour de la réforme des modalités du financement, bien davantage qu’autour de son hypothétique suppression ; à cet égard, l’accès au financement de la communauté philosophique non confessionnelle (la laïcité organisée) a légitimé son maintien.
La régionalisation de la législation concernant les fabriques d’églises (et établissements assimilés) au 1er janvier 2002 a confié aux Régions (et à la Communauté germanophone) le soin de la réformer éventuellement. Jusqu’à présent, les nouveaux dispositifs législatifs adoptés n’ont pas modifié en profondeur les mécanismes de financement.
L’Exécutif des Musulmans de Belgique, organe représentatif du culte islamique, a été mis sur pied en 1999. Depuis, il n’a cessé d’être l’objet de critiques et la proie de dissensions internes. Dernière en date, le vote de défiance de l’Assemblée des Musulmans du 13 janvier 2011 à l’égard de membres d’un Exécutif qui ne jouit plus de la reconnaissance des pouvoirs publics.
Le culte islamique a été reconnu par une loi du Parlement belge, c’est-à-dire formellement admis au financement public, en 1974. Cette reconnaissance entraînait la nécessité de reconnaître également un organe représentatif pour ce culte, indispensable pour mettre en œuvre cette décision, en vertu du dispositif constitutionnel belge. Diverses voies ont été explorées par les pouvoirs publics pour obtenir cet organe représentatif. Dans un premier temps, ils se sont tournés vers le Centre islamique et culturel, qui occupait depuis 1969 le pavillon oriental (la « grande mosquée ») du parc du Cinquantenaire, à proximité des institutions européennes. Mais la non-représentativité du Centre, proche de l’Arabie Saoudite, par rapport aux musulmans de Belgique, qui sont pour l’essentiel originaires du Maroc et de la Turquie, a conduit à rechercher une autre solution.
Confronté à la menace d’une faillite de l’État, le gouvernement grec décrétait en septembre 2011 une nouvelle taxe sur les biens immobiliers. Une série d’exemptions accompagne cette mesure, qui concernent notamment les églises, monastères et bâtiments de l’Église orthodoxe « à l’exception des biens exploités commercialement ». Dans un contexte d’austérité budgétaire, de baisse des salaires et d’accroissement du chômage, l’annonce de cette exonération déclenche une avalanche de réactions : sont visés les « privilèges » de l’Église orthodoxe, le manque de transparence de ses comptes, la prise en charge du salaires des prêtres par l’État. En Grèce, la question du patrimoine ecclésiastique, sujet sensible et encore largement opaque, constitue un angle crucial d’approche des liens étroits — mais ambigus — entre Église, nation et État.
Le financement des cultes coûterait en Belgique quelque 140 millions d'euros par an au budget de l'Etat belge, rapportait mardi le quotidien La Dernière Heure sur base d'une étude du CRISP, le Centre de recherche et d'information sociopolitique. Ce montant comprend les traitements mais également les pensions des ministres des cultes, ainsi que des délégués laïques. A cela, ajoutait la dépêche, il faudrait encore ajouter 160 millions d'euros de financement par diverses entités, essentiellement consacrés aux édifices du culte. Ce budget est distribué entre le culte catholique (85,8 %), la laïcité organisée (8 %), le culte protestant-évangélique (2,5 %), le culte islamique (2,1 %), ainsi que les cultes orthodoxe, israélite et anglican.
En effet, prenant en compte leur utilité sociale, l'État belge reconnaît donc certaines confessions. Cette reconnaissance entraîne des avantages financiers importants, qui ne se réduisent pas aux postes mentionnés dans l’article de La Dernière Heure, loin de là. En effet, à la prise en charge des traitements et des pensions de retraite de milliers de ministres du culte – le cadre était en 2008 de l’ordre de 7797 postes de ministres des différents cultes et délégués laïques –, il faut encore ajouter au moins les imputations budgétaires énumérées ci-dessous, à tous les degrés de pouvoir, depuis l’Etat fédéral jusqu’aux communes en passant par les Régions, les Communautés et les provinces.