Une étude réalisée en août dernier auprès d’un peu plus d’un millier de personnes par l’IFOP pour l’Association des Journalistes d’Information sur les Religions (AJIR, la plus ancienne association professionnelle de presse en France), et ce à l’occasion de son centenaire, montre qu’une courte majorité des Français ne croit pas en Dieu (51 %), contre 44 % en 2011, dix ans plus tôt. En 1947, seules 20 % des personnes interrogées, selon le même Institut de sondage, ne croyaient pas en Dieu. L’érosion est donc très sensible, et même spectaculaire aux yeux de certains.
Le grand quotidien francophone belge Le Soir vient de faire paraître, en collaboration avec la RTBF, les résultats d’une vaste enquête intitulée Noir, jaune, blues qui, sous forme de radioscopie, entend dresser le portrait des attentes des citoyens de ce pays, vingt ans après une première enquête similaire commandée au lendemain de l’Affaire Dutroux et de la crise morale profonde qu’elle avait engendrée. 4700 personnes ont cette fois été interrogées par l’Institut Survey and Action, à l’initiative de la Fondation Ceci n’est pas une crise et ce sous forme d’entretiens personnalisés, pour établir un constat frappant, corroboré par les observations des journalistes et des experts : face au monde incertain et fragmenté qui nous est annoncé, face au basculement sociétal et aux mutations majeures qui pointent, les Belges sont inquiets, vulnérables, déprimés, se replient sur leur quant à soi, ont peur du présent, de l’avenir et des étrangers, et projettent en particulier leurs angoisses sur l’islam et les musulmans.
La manière dont le grand public et les médias se représentent le fait religieux est souvent tributaire des coups de projecteurs braqués sur les religions en raison de l’actualité immédiate et des rapports de force qu’elles subissent ou entretiennent entre elles — voire avec l’Etat et les collectivités locales. Dès lors, beaucoup de stéréotypes et a prioris circulent sur les religions, leurs pratiques et les croyants. Pour les sciences humaines, l’une des manières les plus efficaces d’approcher la façon dont la religion est vécue, pratiquée, perçue et expérimentée par les individus est l’enquête. ORELA, dans le cadre de "La Religion dans la Cité", et en collaboration avec Le Soir et la RTBF, vient ainsi de faire réaliser par IPSOS un sondage sur « Les Belges francophones et la religion ». Quels enseignements en tirer ?