Les chercheurs peuvent-ils procéder, avec le détachement qui sied, à l'analyse d'un événement dont la portée traumatique et les visées symboliques les ont touchés au plus profond de leur culture et de leurs valeurs ? Certes non, d'autant plus quand ces chercheurs œuvrent à l'Université libre de Bruxelles, temple du libre examen scientifique, qui pour avoir accueilli à plusieurs reprises la journaliste Caroline Fourest fut non seulement mise en cause, mais fit l'objet d'une violente agression. D'autant plus, aussi, quand ces chercheurs travaillent en étroite relation avec le Musée juif de Belgique, victime en mai 2014 d'un odieux attentat qui allait les toucher au plus profond d’eux-mêmes. Mais il faut pourtant tenter de raison garder, et essayer d'analyser avec lucidité ce que signifie la barbarie qui s'est brutalement insinuée au cœur de l'Europe, ce mercredi 7 janvier — et les suites qu’on en connaît, le vendredi 9.