ORELA s’était fait l’écho des prémisses du débat européen sur la circoncision, et ce dès la publication de l’arrêt du tribunal de Grande Instance de Cologne, en juin 2012, qui statuait que « le corps d’une enfant était modifié durablement et de manière irréparable par la circoncision », une modification « contraire à l’intérêt de l’enfant, qui doit décider plus tard par lui-même de son appartenance religieuse ». Cet arrêt, on s’en souvient, avait créé une situation jurisprudentielle inédite en Allemagne, interdisant alors de facto toute intervention de ce type en offrant pour la première fois une base légale à toute appréciation en la matière.
Commentant la décision récente de la Cour de Cassation française relative à la crèche Baby-Loup (La Croix, 8 avril 2013), l’éminent canoniste de l’Université catholique de Louvain Louis-Léon Christians pointait récemment la montée en puissance, en Europe, ces dernières années, de l’entreprise privée comme nouveau « champ de bataille » où se jouerait, dans un contexte de dérégulation et de retrait de l’Etat, l’un des enjeux contemporains de la laïcité. Avant lui, le Haut Conseil — français — à l’Intégration, dans un avis rendu public le 6 septembre 2011, avait déjà mis le doigt sur les expressions religieuses de plus en plus visibles au sein des entreprises, en particulier celles chargées d’une mission d’intérêt général, et s’en était inquiété.