Les pratiques pèlerines traditionnelles sont-elles compatibles avec la pandémie que nous vivons depuis plus d’un an ? Comment s’adapteront-elles aux exigences sanitaires qui seront vraisemblablement en vigueur dans le monde post-Covid ? Ces questions se posent à tous les sanctuaires habitués aux foules, de Compostelle à Lourdes — pour ne rester que dans le domaine catholique. Ce mois-ci, l’Octave de Luxembourg a confirmé leur force déstabilisatrice, y compris pour des pratiques plus modestes, limitées dans le temps et à l’envergure avant tout régionale.
L’année 2020 fut celle du 400e anniversaire de l’expédition du Mayflower, le navire qui transporta plusieurs centaines de « Pilgrim Fathers » de l’Angleterre vers l’Amérique du Nord. Qui étaient vraiment les hommes et les femmes qui firent ce voyage hasardeux ? Quels étaient leurs liens avec les courants dissidents de la Réforme protestante et quelle fut leur postérité au-delà du XVIIe siècle ? Pourquoi et comment la mémoire de 1620 révèle-t-elle, ou accentue-t-elle, les profonds clivages communautaires aux États-Unis en ce début du XXIe siècle ?
Ceux qui n’acceptent pas les nouveaux développements de la 5G seraient-ils les Amish de la technologie... Cette comparaison étonnante proposée par Emmanuel Macron a suscité bien des commentaires. Le Monde, dans son édition du vendredi 25 septembre, a ainsi publié deux pages de tribunes réagissant aux propos du président : il n’y était pas question d’Amish mais plutôt du danger à vouloir opposer, de manière dichotomique et sans nuances, les défenseurs d’un progrès technologique sans limites et leurs adversaires, par définition arriérés et ridicules. Aucune analyse ne s’est attardée sur la question suivante : pourquoi utiliser la référence aux Amish pour discréditer les anti-5G ? D’où vient cette association entre le reproche d’anti-progressisme et l’évocation d’une communauté réduite à quelques clichés ? Ces interrogations n’apportent rien au débat sur la 5G…, mais elles révèlent des aspects importants en matière de médiatisation des religions.
En Suède, le nombre de femmes pasteures vient de dépasser celui de leurs homologues masculins. Elles représentent désormais 50,1 % des prêtres de l’Église luthérienne suédoise, la plus importante au monde. Cette nouvelle peut paraître anecdotique, mais elle revêt aussi un caractère symbolique important. Ce qui était de l’ordre de l’exception et faisait encore l’objet de controverses il y a quelques décennies, est devenu la règle en 2020. La majorité a changé de camp, ou plutôt de sexe. C’est l’occasion de retracer l’histoire de l’accès des femmes à l’ordination dans les différentes Églises protestantes, et aussi de nous interroger sur le contraste de plus en plus affirmé avec un clergé catholique exclusivement masculin.
A la fin du mois de juin, la presse italienne a abondamment relayé la visite du pape François aux Vaudois de Turin. La « Chiesa valdese », l’Eglise vaudoise, constitue en effet une importante minorité chrétienne en Italie. Elle est la plus anciennement ancrée dans le pays et constitue une sérieuse concurrente pour l’Eglise catholique dans le domaine des recettes fiscales. Par sa présence et par ses paroles réconciliatrices, François a pris ses distances avec plusieurs siècles d’opposition et de persécution à l’égard des Vaudois. Sa visite au temple de Turin s’inscrit dans une politique plus large d’ouverture à l’égard des communautés protestantes, surtout à l’égard de celles qui se distinguent par leur fort engagement social.
En cette fin de 2014, l’Eglise Protestante Unie de Belgique (EPUB) fête ses 175 ans. En 1839, les différentes Eglises protestantes présentes sur le territoire belge signèrent en effet une charte commune, créant ainsi l’Union des Eglises protestantes évangéliques du Royaume de Belgique. Celle-ci se dota d’un Synode, reconnu par l’Etat comme la seule autorité officielle du protestantisme belge. Par la suite, d’autres communautés rejoignirent cette déclaration d’unité et le Synode qui l’incarne jusqu’à aujourd’hui. En ce début de XXIe siècle, l’Eglise protestante unie de Belgique, dont ne font pas partie les nombreuses Eglises évangéliques et pentecôtistes, compte plus ou moins 110 000 membres. Elle a fêté son jubilé par un concert, un culte festif et une séance académique, mais aussi par une manifestation moins classique et hautement symbolique : le 17 octobre dernier, un impressionnant cortège de pasteurs en toge a en effet sillonné les rues de la ville. La célébration de la charte de 1839 a ainsi permis de nouer des parallèles avec d’autres périodes de l’histoire. De fait, le cortège des pasteurs de 2014 n’est pas sans rappeler une autre manifestation, organisée en 1923 pour commémorer de tragiques événements du XVIe siècle.
Le référendum invitant les Écossais à se prononcer sur l’indépendance de leur région (ou Nation pour ses partisans) a inspiré de nombreux reportages sur les spécificités politiques, sociales, économiques et culturelles de ce pays. Ces analyses n’interrogeaient cependant que très rarement la place de la religion dans les rivalités identitaires en place. On oublie ainsi que si la religion majoritaire y est l’Église d’Écosse presbytérienne, très liée à l’identité écossaise, la deuxième en importance est l’Église catholique romaine. Cette dernière a vu croître les rangs de ses fidèles par l’apport des Irlandais au XIXe siècle, puis, au XXe siècle, l’immigration italienne et polonaise — et, plus récemment, indienne, philippine et africaine. De ce fait, la proportion de catholiques dans la société y est plus élevée qu’en Angleterre : on l’estime en effet à 17 %, contre 10 % au sud du Royaume-Uni. Quelles sont les conséquences de cette présence sur les dynamiques politiques et sociales écossaises ? Quel a été ou aurait pu être son impact sur le résultat du referendum autour de l’indépendance écossaise ?
Le G3i est un groupe de réflexion et de pression international qui s’engage pour le dialogue interculturel et interconvictionnel en Europe. Les associations qui le composent sont issues des marges de l’Église catholique et des autres religions instituées, ainsi que de la nébuleuse des mouvements non confessionnels. Ce qui les rassemble, c’est la volonté de se rencontrer et d’échanger dans le respect et la reconnaissance mutuelle, loin des discours officiels, considérés comme trop limités et exclusifs, sur le dialogue interreligieux. C’est aussi la volonté de faire entendre d’autres voix que celles des autorités ecclésiastiques au sein des institutions européennes.
Le 31 octobre, les protestants du monde entier, et surtout ceux qui s’inscrivent dans la tradition luthérienne, fêtent l’anniversaire de la Réforme. Dans beaucoup de régions d’Allemagne notamment, cette Journée de la Réformation est même un jour férié. Le 31 octobre 1517, Martin Luther aurait en effet affiché sur la porte de l’église de Wittenberg ses fameuses 95 thèses, qui sont à l’origine de la deuxième grande scission au sein du christianisme – après celle entre l’Eglise latine et l’Eglise orthodoxe quelques siècles plus tôt.
Il y a quelques mois, le Conseil de la ville de Cologne a réhabilité la sorcière Katharina Henot, que ses prédécesseurs en droit avaient brûlée vive en mai 1627. D'autres villes et villages allemands s'apprêteraient à réexaminer d'autres cas de condamnations pour sorcellerie. Au-delà de son intérêt anecdotique pour les amateurs de frissons, particulièrement friands en cette saison d'Halloween, l'affaire Henot pose des questions plus profondes concernant le rapport aux pages douloureuses du passé, le travail de mémoire et les efforts de réconciliation au-delà des siècles.