C’était le mercredi 2 mars 2011. Après avoir quitté son domicile d’Islamabad, Shahbaz Bhatti, ministre des Minorités religieuses, seul membre chrétien du gouvernement pakistanais, était assassiné par les talibans du Pendjab. Après la mort du gouverneur du Pendjab Taseer quelques semaines plus tôt, il s’agissait du second attentat visant une personnalité engagée contre l’application de la loi punissant de mort le blasphème dans la République islamique du Pakistan. Trois ans plus tard, en mars dernier, le rapport de la Commission américaine sur la liberté religieuse disait craindre que l’augmentation des lois bannissant le blasphème ne conduise à punir des personnes qui ne feraient qu’exprimer des différences de vues religieuses, le Pakistan étant de loin le pays qui emprisonne le plus de citoyens soupçonnés de porter atteinte à la religion, selon ce rapport. « Cette tendance à recourir de plus en plus aux lois anti-blasphème va certainement conduire à une hausse des violations des libertés de religion et d’expression », a indiqué Knox Thames, l’un des responsables de cette commission.
Les débats qui animent la société française sur la redéfinition du mariage et son ouverture aux conjoints de même sexe suscitent de nombreuses prises de positions publiques de l’Église catholique. La plupart des propos tenus sont caricaturaux (« il n’y a pas de reproduction hermaphrodite parmi les hommes », déclare Mgr Vingt-Trois) et les menaces qu’une telle redéfinition du mariage entraînerait sont largement fantasmées (Mgr Barbarin évoque une rupture de société ouvrant la porte à la légalisation de l’inceste et de la polygamie). C’est peut-être bien sur l’institution du mariage que l’Église se positionne dans ces débats mais, sous prétexte de la défense des fondements anthropologiques de la société, ces propos n’en ont pas moins pour conséquence de stigmatiser les homosexuels auxquels ils refusent l’égalité des droits.