Hans Küng, un théologien suisse mondialement connu, est décédé le 6 avril 2021 à Tübingen, dans cette ville universitaire allemande si étroitement liée à une carrière exceptionnelle qui a commencé en 1960 avec la nomination de Küng comme professeur de théologie fondamentale, à l’âge de trente-deux ans. Certains le considèrent surtout comme un rebelle dans une Église catholique qui lui a retiré la missio canonica (l’autorisation d’enseigner la théologie) en décembre 1979. D’autres retiennent plutôt le travail d’un intellectuel qui a développé le projet d’une éthique planétaire depuis 1990. L’œuvre polyvalente de cet auteur prolifique restera disponible pour celles et ceux qui souhaitent l’étudier dans les vingt-quatre volumes d’une édition complète en allemand, ou les traductions de la majorité de ses livres dans de multiples langues.
En dépit de la présence de Joseph Ratzinger sur la scène publique du Vatican depuis plusieurs décennies, sa réflexion théologique reste encore relativement peu connue. La réputation de l’ancien préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, nommé à cette fonction en 1981, et les positions conservatrices du pape Benoît XVI ont eu tendance en effet à porter ombrage au théologien, qui a pourtant poursuivi et développé de façon originale le chemin ouvert par les pionniers de la théologie du XXe siècle, tels que Guardini, de Lubac et von Balthasar. Et souvent, même ceux qui ont entendu parler de cette « originalité » pensent qu’il s’agit d’un glorieux passé, enterré à la fin des années soixante.