Voilà bien deux siècles, ou presque, que des générations de chercheurs et de spécialistes de la religion posent la question qui est au coeur de l’étude des religions, mais n’appelle sans doute pas de réponse unique ou univoque : "Qu’est-ce qu’une religion ?" Cette interrogation est de nos jours rendue plus complexe encore par la variabilité extrême du phénomène religieux et l’éclatement progressif de ce qui était autrefois au cœur de la religiosité : le lien social. Longtemps, l’autorité publique n’a quant à elle pas eu trop à se poser cette même question dans sa régulation du religieux. En effet, elle considérait la religion de la majorité de la population, plus quelques dénominations certes minoritaires mais traditionnelles et de préférence monothéistes, comme propres à bénéficier de ses largesses ou de son attention. Or, le pluralisme religieux foisonnant que nous connaissons de plus en plus aujourd’hui, la variété des manières de croire, l’apparition de religions nouvelles ou de communautés non croyantes habillées d’oripeaux rituels, voire de religions parodiques, bouleverse désormais la donne. Et suppose d’interroger à nouveaux frais ce qu’est une religion et surtout un culte, à savoir son expression essentiellement publique.