Lors d’une homélie, le 14 avril 2013, le pape François déclare : « Il y a les saints de tous les jours, les saints ‘cachés’, une sorte de ‘classe moyenne de la sainteté’, comme le disait un auteur français, cette ‘classe moyenne de la sainteté’ dont nous pouvons tous faire partie ». L’expression « classe moyenne de la sainteté » est extraite du premier roman, Augustin ou le Maître est là, de Joseph Malègue : « Sa vieille idée que le seul terrain d’exploration correcte du phénomène religieux est l’âme des Saints lui parut insuffisante. Les âmes plus modestes comptaient aussi, les classes moyennes de la sainteté » (1960, p. 668). Le livre connaît un réel succès avec onze rééditions de 1933 à 1966, mais il faut attendre l’évocation papale pour en connaître une nouvelle publication. Son ami, Jacques Chevalier, dans sa préface à Pierres Noires. Les classes moyennes du salut, paru en 1958, décrit Joseph Malègue comme doué d’une « foi ardente et un peu inquiète » mais hanté par le désaccord entre une foi vivace et un monde sans Dieu.
A suivre les commentateurs, la réforme de la Curie romaine est un des enjeux du pontificat de François. Elu pour réformer, le pape engage les réformes : groupe de cardinaux pour le conseiller dans le gouvernement de l’Eglise (13 avril 2013), Commission d’étude et de proposition chargée de l’organisation de la structure économique et administrative du Saint Siège (18 juillet 2013), Secrétariat pour l’économie (24 février 2014). Mais faut-il souscrire entièrement à cette analyse, renvoyant à nombre de représentations du Vatican – administration bloquée, opacité tenace, jeux de couloirs, inefficacité récurrente ? Une mise en perspective socio-historique nuance en effet assez largement ces lectures.