Ce 6 avril a eu lieu, en République démocratique du Congo, la célébration du centenaire du kimbanguisme. La cérémonie s’est déroulée dans la province du Kongo Central, à Nkamba, la cité sainte des kimbanguistes, et a réuni plusieurs dizaines de milliers de membres de l’Église. Le président de la République Félix Tshisekedi était présent. Avant d’inaugurer le Musée consacré à Simon Kimbangu, il a pris la parole pour célébrer la mémoire du prophète Simon Kimbangu et le rôle historique joué par celui-ci à l’époque de la colonisation. Il a annoncé qu’il s’emploierait à ce que le 6 avril devienne une journée chômée. Qu’on ne s’y trompe pourtant pas : la présence des autorités politiques ne contredit, expressément du moins, ni l’apolitisme ni le respect qu’il implique des autorités officielles. Cet apolitisme de l’institution kimbanguiste résulte d’un choix posé au terme d’une longue période – la période coloniale – de résistance et de clandestinité, car marquée par la répression.
Dans de nombreux pays, le religieux et le politique se croisent et la plupart du temps s’enchevêtrent au point de devenir indéfectiblement partie prenante d’une même dynamique. C’est le cas en Iran, en Arabie Saoudite, en Indonésie, etc. Dans d’autres comme la Belgique, la France ou l’Allemagne, c’est la séparation institutionnelle qui prime. Il y a toutefois des cas, comme la République démocratique du Congo (RDC), où les choses ne sont pas si claires. Alors que le principe de laïcité est clairement affirmé dans sa Constitution, dans les faits, son fonctionnement est celui d’un Etat théologico-politique qui articule de manière indistincte le religieux et le temporel.
Maman Olangi (Elisabeth Wosho Onyumbe), fondatrice de la Communauté internationale des femmes messagères de Christ (CIFMC), est décédée ce 5 juin à Kinshasa, trois jours après les obsèques de papa Olangi (Joseph Ezéchiel Olangi Onasambi), président de la Fondation Olangi-Wosho (FOW) – décédé quant à lui le 1er octobre 2017 à Johannesburg. Le « couple berger » du « ministère chrétien du combat spirituel » y résidait depuis quelques années. Pour une appréhension des enjeux transnationaux du « combat spirituel », la formation de ce ministère de « délivrance » pentecôtiste doit être positionnée dans une approche longitudinale des « réveils de pentecôte » au Congo et située dans le champ migratoire (post)colonial.
En 1891, soit six ans après la reconnaissance de l’État indépendant du Congo, une statue de dévotion mariale fut conçue spécifiquement pour le Congo et envoyée à la mission de Matadi. Tout à la fois héritière d’une ancienne imagerie chrétienne et innovatrice par sa figuration des hiérarchies raciales dans l’empire colonial naissant, cette dévotion connut un échec relatif au Congo mais devint un vecteur précoce et puissant de la propagande missionnaire en Belgique. Ce parcours divergent est analysé ici en soulignant l’intericonicité des images et les contextes variables de leur réception.
Le 9 février dernier, l’Observatoire des Religions et de la Laïcité a organisé à Kinshasa (RDC), au Centre de Documentation de l'Enseignement supérieur, universitaire et recherche (CEDESURK), une table ronde consacrée au fait religieux en République démocratique du Congo. En effet, la RDC se caractérise aujourd’hui par une foisonnante dynamique religieuse, une diversité convictionnelle qui se rencontre en particulier en milieu urbain. De nombreux chercheurs, congolais et étrangers (Alexis Matangila Ibwa ; Jérôme Ballet, Claudine Dumbi et Benoît Lallau ; Musenge Mwanza ; Nomanyath Mwan-a-Mongo ; José Mvuezolo Bazonzi ; Gaston Mwene Batende ; Julie Ndaya Tshiteku… parmi bien d’autres) ont pointé les divers aspects de cette dynamique, notamment le développement des Eglises dites du « Réveil » à Kinshasa — un essor qui n’est toutefois pas propre à la seule capitale.