Le 8 décembre 1965, le pape Paul VI promulguait la constitution pastorale Gaudium et Spes. Ce document majeur du concile Vatican II, qui évoque la dignité du mariage et de la famille mettait fin à la doctrine nataliste absolue d’autrefois. Trois ans plus tard, l’encyclique Humanae Vitae vint réaffirmer la doctrine traditionnelle de l’Eglise en ce qui concerne la prohibition de la contraception artificielle. Ce volume reconstitue ces débats houleux au sein de l’Eglise, sur la primauté du célibat ou du mariage, la fonction déterminante de la famille ou la liberté de l’individu, ainsi que l’évolution des positions de l’Eglise à propos du couple et de la famille depuis les origines jusqu’à nos jours — Cécile Vanderpelen-Diagre et Caroline Sägesser (éds.), La Sainte Famille: Sexualité, filiation et parentalité dans l’Eglise catholique, Bruxelles, Editions de l’Université de Bruxelles, coll. « Problèmes d’Histoire des Religions », 2017
"J'ai découvert que toute notre histoire était falsifiée, fabriquée de toutes pièces et que ceux qui avaient créé la civilisation arabe et sa grandeur furent bannis, condamnés, rejetés, emprisonnés, voire crucifiés. Il faut relire cette civilisation et la revoir autrement : avec un nouveau regard et avec une nouvelle humanité" — Violence et Islam, Adonis, entretiens avec Houria Abdelouahed, Paris, Le Seuil, 2017
Baudouin Decharneux et Eric de Beukelaer, L’urgence Humaniste. Plaidoyer pour une Renaissance, Bruxelles, La Renaissance du Livre, 2017
"Dans le contexte que nous connaissons, celui d’un climat de tensions et de peurs nourries par la terreur islamiste, la vigilance démocratique a parfois du mal à résister au « tout sécuritaire ». Il en va de même sur le plan intellectuel : l’esprit critique s’émousse quelque peu face aux angoisses de notre société, et peine à penser sereinement les événements, les logiques qui les sous-tendent et les mots utilisés pour les décrire" — Radicalisme, radicalisation, déradicalisation: des mots pour dire quoi ?, par Cécile Vanderpelen-Diagre et Jean-Philippe Schreiber, historiens des religions, professeurs à l’Université libre de Bruxelles (Le Soir)
Le week-end dernier, le Danemark a voté, à la majorité de ses députés, la suppression du délit de blasphème. Existe-t-il donc en Europe des pays qui ont toujours une législation punissant le blasphème ? — Le délit de blasphème existe-t-il encore en Europe (Isabelle de Gaulmyn, France Inter)
Récemment, l’Agence nationale de la recherche de France (ANR) rassemblait à Paris des spécialistes en sciences humaines et sociales afin qu’ils réfléchissent aux potentialités de la recherche sur la radicalisation. Sociologues, historiens, psychologues, politistes, juristes et anthropologues ont ainsi dressé un état des lieux des recherches (plus ou moins) scientifiques qui l’ont pris pour objet ces dernières années, tout autant qu’ils ont questionné les emplois et les sens du terme lui-même. Il ressort de ces discussions une interrogation majeure sur la pertinence, voire même l’utilité, pour les sciences humaines et sociales, de se saisir de ce mot comme concept opératoire pour décrire un quelconque fait social.
"Quel est l'état des religions et de la laïcité aujourd'hui en Belgique ? Eclairage en trois points avec Cécile Vanderpelen-Diagre, co-auteur du rapport annuel de l'Observatoire des Religions et de la Laïcité, ORELA" — Cécile Vanderpelen: «On parle de l'islam comme un phénomène presqu'exotique» (Le Soir)
"Woensdag 22 maart worden nationaal maar ook in vele katholieke scholen de dramatische aanslagen van 22 maart 2016 in Zaventem en Brussel herdacht" — Katholieke scholen herdenken aanslagen van 22 maart (Kerknet)
Dans l’imaginaire collectif, le missionnaire est revêtu de blanc, arbore la barbe, affronte la jungle et les « sauvages ». Il appartient à un âge révolu, celui des colonies. Depuis la décolonisation et Vatican II, cette image a disparu et il n’est plus souvent question des missionnaires. C’est qu’en cinquante ans, leurs fonctions, missions et statuts se sont profondément modifiés. Ils se sont professionnalisés et ressemblent à s’y méprendre aux coopérants des ONG humanitaires. On compte aujourd’hui dans le monde 1 864 stations missionnaires avec prêtre résident et 136 572 qui n’en possèdent pas. D’une manière générale, le nombre de missionnaires laïcs est en augmentation et ils sont aujourd’hui 368 520. Peu d’études se sont intéressées à l’évolution des missions depuis les années 1950. Un colloque récent à Montréal a montré tout l’intérêt du sujet.
Ce dimanche 2 octobre, le pape François a réanimé la polémique autour de « l’idéologie du genre » dans l’avion qui le ramenait d’un voyage à Cracovie. Comme il l’avait déjà fait à diverses occasions, il a pris position pour affirmer que ladite théorie était une « colonisation idéologique » dangereuse pour l’ordre naturel puisqu’elle est propagée dans les manuels scolaires. Elle ferait des enfants des cobayes et leur apprendrait que la sexualité, l’orientation sexuelle et le sexe biologique sont des choix posés par les individus, et non des déterminants donnés par la nature et voulus par Dieu.
Certains s’étonnent de l’intérêt que la presse belge porte aux plus hautes autorités de l’Église catholique. La nomination et chacune des déclarations d’un archevêque sont abondamment répercutées par les médias. Ces derniers savent qu’une émission ou un débat qui compte un « primat » de Belgique bénéficie immanquablement d’une grande audience. Cette attention contraste évidemment avec le nombre de Belges qui pratiquent la religion catholique. Quelles sont, alors, les raisons de ce succès ? Les archevêques auraient-ils encore un quelconque pouvoir d’influence dans notre société sécularisée et déchristianisée ? La récente biographie consacrée au cardinal Godfried Danneels (Karim Schelkens et Jürgen Mettepenningen, Godfried Danneels, Biographie, Anvers, 2015), qui fut archevêque de Malines-Bruxelles entre 1979 et 2010, permet d’offrir un aperçu sur l’évolution de cette fonction, et de répondre à certaines de ces questions.
La manière dont le grand public et les médias se représentent le fait religieux est souvent tributaire des coups de projecteurs braqués sur les religions en raison de l’actualité immédiate et des rapports de force qu’elles subissent ou entretiennent entre elles — voire avec l’Etat et les collectivités locales. Dès lors, beaucoup de stéréotypes et a prioris circulent sur les religions, leurs pratiques et les croyants. Pour les sciences humaines, l’une des manières les plus efficaces d’approcher la façon dont la religion est vécue, pratiquée, perçue et expérimentée par les individus est l’enquête. ORELA, dans le cadre de "La Religion dans la Cité", et en collaboration avec Le Soir et la RTBF, vient ainsi de faire réaliser par IPSOS un sondage sur « Les Belges francophones et la religion ». Quels enseignements en tirer ?
Il y a quelques jours, au Cirque royal à Bruxelles, plus de 900 personnes se sont retrouvées pour écouter le concert du rappeur américain chrétien Lecrae, actuellement en tournée en Europe. Aux États-Unis, ce chanteur texan de 35 ans est une star qui semble être parvenue à séduire un public ne se limitant pas aux seuls croyants : 88 000 albums vendus pour son dernier titre Anomaly et plusieurs Grammy Awards attestent de son large succès. Ses chansons sont un témoignage : celui, personnel, d’un drogué repenti, converti au christianisme ; celui aussi d’un noir qui vit aux États-Unis. Entre les gospels très connotés d’un point de vue religieux et le rap mainstream, il a trouvé sa voie et imposé sa voix.
Récemment, les grands rassemblements à l’occasion de la « Manif pour tous » en France ainsi que la prolifération sur Internet et dans les médias d’un discours dénonçant la discrimination, voire la persécution, dont sont victimes les catholiques – « la christianophobie » et la « catholicophobie », en référence bien entendu à l’« islamophobie » – semblent indiquer un nouveau militantisme de la « cathosphère ». Mais s’agit-il réellement de nouveaux « pèlerins », ressourcés par une génération plus zélatrice que la précédente, ou d’un redéploiement de l’action ? Peut-on les qualifier, comme on le fait souvent, d’intégristes ou de fondamentalistes religieux ? Il y a peu, un colloque à Paris se penchait sur ce que les sociologues et politistes préfèrent appeler le « catholicisme d’identité ».