Dans toutes les régions du monde, l’actualité regorge de célébrations, hommages et commémorations de martyr·es de la foi ou de grandes causes politiques. Le président américain Donald Trump, le chef du Hamas Yahya Sinouar, l’ancien député du parti flamand d’extrême droite Vlaams Belang Dries Van Langenhove, le professeur français décapité Samuel Paty ou encore l’Afro-Américain victime de violences policières Georges Floyd font sans distinction la Une des journaux en étant qualifiés de martyrs. Morts ou vivants, conscients ou pas d’accomplir un acte héroïque, tous ces hommes voient les violences qu’ils ont subies sublimées. Ils deviennent des modèles. Sauf ce dernier aspect, leur trajectoire comporte-t-elle des invariants ? Quelle place la dimension religieuse ou sacrée y tient-elle ? L’historien Pierre-M. Delpu vient de consacrer un livre à ces questions. Cécile Vanderpelen-Diagre en discute avec lui.
La visite en Belgique de Jorge Mario Bergoglio, premier évêque de Rome et chef d’État du Vatican, du 26 au 29 septembre, a fait couler beaucoup d’encre et de salive et enflammé les réseaux sociaux. Dès avant son arrivée, le coût de ce voyage et la réception programmée au château de Laeken à l’invitation du roi Philipe et de la reine Mathilde ont indisposé une partie de la population. C’est que le pape est certes un chef d’État, mais c’est aussi le pasteur de « l’Église universelle ». Cette double casquette génère une ambiguïté institutionnelle. Mais en tant que chef spirituel, il ne s’est pas montré moins clivant. Ses déclarations sur les femmes et les médecins qui pratiquent l’interruption volontaire de grossesse – « des tueurs à gages » – ont choqué et déçu une partie des catholiques. Une semaine après ces événements, il n’est pas inutile de dresser un bilan pour s’interroger sur ce que cette visite dit du religieux aujourd’hui.
« Dans ce troisième volet de notre série sur l’implantation du catholicisme en Chine, le rêve des jésuites de convertir l’empereur des Ming puis des Qing n’aboutit pas. Et les moines mathématiciens et astronomes des XVIIe et XVIIIe siècles laissent bientôt leur place à d’autres missionnaires, débarqués avec les armées coloniales au XIXe siècle. » - En Chine, des missionnaires vus comme des « agents de l’étranger » (Mikael Corre, La Croix)
Le 26 décembre 2021, l’archevêque anglican Desmond Tutu est décédé à l’âge de 90 ans dans la ville du Cap. Son décès a provoqué une bien compréhensible vague d’émotion, aussi bien en Afrique du Sud que dans le reste du monde. De Cyril Ramaphosa à Joe Biden, en passant par Barack Obama et la reine Elizabeth II, les hommages se sont succédé pour saluer la mémoire de cette dernière grande figure de la lutte contre l’apartheid. Les obsèques de Desmond Tutu ont eu lieu le 1er janvier 2022 dans la Cathédrale Saint-Georges du Cap. C’est le président sud-africain Cyril Ramaphosa qui y prononça l’éloge funèbre, après quoi il remit à la veuve de l’archevêque le drapeau sud-africain en guise d’hommage militaire, rare témoignage pour une personnalité qui en effet a marqué de son empreinte toute la sortie de l’apartheid pour la nation sud-africaine.
Ce mardi 5 octobre a été publié un rapport très attendu sur la pédophilie dans l’Église de France entre 1950 et 2020. Il a été commandité par la Conférence des Évêques de France qui a chargé, en novembre 2018, l’ancien vice-président du Conseil d’État, le haut-fonctionnaire Jean-Marc Sauvé, catholique assumé, de constituer une commission d’étude pour analyser le passé des abus sexuels commis sur des mineurs par des clercs et des laïcs attachés à l’Église. Cette instance a été baptisée Commission indépendante sur les Abus sexuels dans l’Église (CIASE). Les chiffres sont accablants. Il y a eu entre 2 900 et 3 200 pédocriminels au sein de l'Église catholique en France depuis 1950. Des dizaines de milliers de jeunes ont subi des abus. Certains parlent d’un « système ». Mais au-delà des causes avancées pour expliquer l’ampleur du phénomène, ce qui nous intéresse ici, c’est la manière dont il est vécu par les catholiques.
Il y a quelques semaines a débuté le tournage de la deuxième saison de la série télévisée Validé. La première saison de cette série, consacrée au rap et diffusée sur la chaine Canal+, a connu un succès considérable puisqu’elle a été visionnée plus de vingt millions de fois sur la plateforme MyCanal. Apash, le personnage principal de la saison une, était joué par le rappeur Hatik. Ce dernier, qui a vu sa carrière musicale propulsée grâce à son rôle dans la fiction réalisée par Franck Gastambide, a mis en avant son appartenance à l’islam dans ses interviews ainsi que dans ses musiques, particulièrement dans le titre « Cercle vicieux ». L’engagement religieux d’un artiste très populaire pose la question des spécificités et du pouvoir d’influence du rap d’inspiration musulmane et de sa large visibilité.
Les amateurs et amatrices de jeux vidéo se réjouiront peut-être de la sortie prochaine de Pope simulator, lancé par le studio polonais Majda Games. Ils et elles auront ainsi l’occasion d’incarner le successeur de Pierre, de «prendre les rênes de la plus grande institution religieuse du monde», dans le but d’utiliser leur «influence pour changer le destin de l’humanité». Alors qu’il n’est pas encore sorti, le jeu suscite déjà des aigreurs, des ricanements et des critiques de la part de certain·es catholiques outré·es que l’on puisse confondre une fonction sacrée et n’importe quel métier profane, ou que l’on puisse «gagner» des points en «pratiquant» sa religion sur écran. Ces réactions sont assez typiques : il n’est pas facile de créer un jeu vidéo religieux. Les développeurs se heurtent tantôt aux normes défendues par les croyant·es, tantôt aux règles d’une entreprise médiatique et culturelle aux exigences esthétiques et technologiques très pointues et dispendieuses.
Le monde entier espère que les chercheur·euses trouvent au plus vite le vaccin contre la COVID-19, moyen le plus efficace d’enrayer la crise sanitaire, sociale et économique que nous traversons. Ce vent d’espoir est, pour certains religieux, porté par l’espérance que Dieu pourrait intervenir pour accélérer la découverte. Pour d’autres croyants, le vaccin médical ne soigne de toute façon que les corps, seul compte le vaccin « spirituel ». Pour d’autres encore, cette maladie planétaire est le signe d’une malédiction divine, un châtiment. Vouloir s’en prémunir, c’est s’opposer au dessein divin. Les croyant·es ont donc des opinions très différentes sur le droit et la légitimité de pratiquer la vaccination. Ce n’est pas neuf.
Le 13 janvier Jean Delumeau est mort, à l’âge de 96 ans. Il laisse derrière lui une œuvre abondante, incontournable pour qui s’intéresse à l’histoire religieuse. Ses ouvrages furent reconnus par les plus hautes instances de consécration des sciences historiques françaises. Ils ont également marqué des générations de chrétiens et de chrétiennes enthousiasmé·e·s par sa vision de l’histoire du christianisme. Sa carrière fut celle à la fois d’un historien et d’un écrivain chrétien, qui a occupé au Collège de France la chaire d’histoire des mentalités religieuses dans l’Occident moderne pendant près de vingt ans, de 1975 à 1994.
À l’occasion de la deuxième édition du festival "La Religion dans la Cité" (Flagey, Bruxelles, février 2019), un certain nombre de femmes expertes ont témoigné, par vidéo, au sujet de la thématique du festival. Nous entendons ici Cécile Vanderpelen, directrice du Centre interdisciplinaire d'Etude des Religions et de la Laïcité et directrice de la Maison des Sciences humaines (Université libre de Bruxelles), parler de corps, christianisme et dualité. Le festival La Religion dans la Cité est une initiative d'ORELA, organisé par l’ULB, la VUB, le quotidien Le Soir et Flagey.