lundi 22 août 2011

Le repos dominical

Lancée ce 20 juin à Bruxelles, l’Alliance européenne pour le repos dominical résulte de l’alliance de plusieurs organisations syndicales, chrétiennes et familiales. Elle vise à sauvegarder le dimanche comme jour de repos hebdomadaire commun dans l’UE, un combat mené de longue date par les évêques catholiques européens, via leur lobby européen basé à Bruxelles, la COMECE.

Ce combat croise une double revendication : sociale, puisqu’elle vise à inscrire dans le droit européen sur le temps de travail une garantie de protection des personnels précarisés (intérimaires, emplois à temps partiel…). Religieuse, ensuite, puisque depuis la fin du XIXe siècle l’Eglise catholique et surtout le mouvement ouvrier chrétien naissant ont visé à consacrer le jour de repos obligatoire dans les premières législations sociales ébauchées parmi les pays européens.

En France, le repos hebdomadaire a été rendu obligatoire par une loi après le mouvement social issu de la catastrophe de Courrières, qui fit plus de plus de mille morts en 1906 et fut la pire catastrophe minière connue en Europe. Singulièrement, ce fut donc au lendemain de l’adoption de la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat de 1905, qu’en France a été instituée l’interruption hebdomadaire légale du travail le dimanche. Il est réglementé par les articles L.221-2 à L.221-5 du Code du travail. Tout salarié doit bénéficier d'un repos hebdomadaire d'au moins 24 heures consécutives, certaines catégories étant dispensés de cette règle pour des raisons évidentes.

Il fut à la fin du XIXe siècle un des motifs de revendication des catholiques sociaux soucieux de corriger les effets supposés déshumanisateurs d’un libéralisme économique pur et dur. Autour du noyau de la Conférence Saint-Vincent de Paul, et en particulier du Conseil des Etudes de l’Oeuvre des Cercles catholiques d’Ouvriers, des penseurs chrétiens sociaux tels François-René de La Tour du Pin ou Albert de Mun se sont attelés à dégager des « solutions chrétiennes » aux problèmes économiques, politiques et sociaux. Ce sont des arguments souvent analogues qui sont aujourd’hui mobilisés dans le même but, afin de préserver cet acquis. Pour nombre d’organisations chrétiennes, en effet, le travail pendant le jour réservé au repos obligatoire est une insulte à Dieu, une atteinte à la liberté de conscience, une aliénation économique et une iniquité commerciale, empêchant de surcroît les chrétiens pratiquants de rendre à Dieu le culte qui lui est dû.

Jean-Philippe Schreiber (ULB).

 

 

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